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Miles Davis « Merci Miles ! Live At Vienne »

Sortez votre cahier d’histoire-géo. Vienne est une commune du département de l’Isère, bien connue des Indiana Jones en herbe pour ses vestiges Gallo-Romain, et demeure la traversée indispensable pour tout vacancier désireux de se rendre dans le sud de la France pour les vacances d’été. Direction la Drôme, l’Ardèche ou la région Paca, c’est par ici que ça se passe. Bien évidemment, la ville est aussi un des berceaux du jazz de notre bel hexagone, accueillant le légendaire « Jazz à Vienne » créé par Jean-Paul Boutellier en 1981. C’est simple, les plus grands du genre ont figuré dans la programmation du festival.

Juillet 1991, plus précisément lundi 1er, la scène du théâtre antique de Vienne accueille l’incontournable Miles Davis pour l’une de ses dernières apparitions en public. Le trompettiste décèdera en Septembre de cette même année. Sans faire dans l’humour douteux, les chanceux présents ce soir-là, assisteront à l’une des ultimes performances du géant, qui au fil d’une carrière bien remplie abrita Sonny Rollins et révéla l’institution John Coltrane.

Ce double CD capté dans une ambiance fusionnante, n’est pas sans rappeler celle du « Live At The Arsenal » de Michel Petrucciani, et bénéficie d’un mix impeccable dans lequel chaque instrument bénéficie d’une clarté qui comblera l’aficionado. Ajoutant à ce témoignage, des allures infinies de « repeat all tracks » intempestifs. La set-list du soir se compose de huit morceaux, le show démarre par une interprétation groovy plus que rallongée de « Hannibal », dont la version originale figurait en bonne place dans le dernier album studio de Miles, « Amandla » en 1988. Un hommage au king of pop est ensuite rendu, avec un « Human Nature » instrumental of course, dans lequel se greffe une longue séquence limite jazz-prog’, voyez le délire !

La douceur cuivrée du « Time After Time » de Cindy Lauper vient calmer l’ardeur démonstrative du quintet, qui bouillonnera de nouveau avec le « Penetration » du Kid de Minneapolis, harmonisé par l’omniprésence d’un redoutable duo sax’ and basse slappée. Un vrai régal ! Le classique « Wrinkle » prend le relais, à l’ouverture du second disque, et l’auditeur jazzeux pure-souche navigue dans les eaux bénites du jazz-rock accentué par des touches progressives, sans oublier ce sensationnel phrasé de la basse slappé. Wow !

Nouvelle étape douce avec l’opération séduction « Amandla », parfumée au son si caractéristique du trompettiste, on savoure. Prince refait parler de lui sur « Jailbait », et le groupe termine d’asseoir son auditoire avec un « Finale » jonché d’un savant alliage de soli percussions et batterie. Manière originale de conclure un double album live, mais ça n’a pas vraiment d’importance vu que la fonction « repeat » de votre lecteur est enclenchée. L’auditeur en ressort plus que gagnant.

Si vous aviez déjà pris votre pied lors de la démentielle expo française grandeur nature du géant du souffle et du silence, en 2010 à Paris, et que vous cherchez un moyen efficace d’entrer en symbiose une ultime fois avec sa musique, en vous procurant « Merci Miles ! Live At Vienne » vous détenez l’arme absolue qui procurera une paix royale à votre entourage familiale qui vous encouragera à utiliser davantage votre tout nouveau casque hi-fi stéréo dolby-surround, pour ne pas perdre la moindre miette de ce nouveau pavé posthume du roi de la fusion. C’est du vécu.

Band line-up :

Miles Davis (trompette) / Kenny Garrett (saxophone) / Deron Johnson (keyboards) / Joseph « Foley » McCreary (basse) / Ricky Wellman (batterie)

Guillaume

2 réflexions au sujet de “Miles Davis « Merci Miles ! Live At Vienne »”

  1. Votre chronique est de qualité mais force est de constater que la musique de Miles Davis en ces temps avait perdu nettement de son originalité et du coup n’avait plus cet aspect inoxydable qu’elle posséde dans les éternels « Kind of blue » et « Biches brew » et cela dans deux styles musicaux totalement différents. Sympa votre site, cool.

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    1. Merci Claude pour votre commentaire. Il nous fait très plaisir. Il est vrai qu’à la fin de sa carrière, son art était plus tourné vers la fusion. L’autre partie de l’équipe partage complètement votre point de vue. En revanche, me concernant, c’est justement cette période gravée dans ce disque que je préfère. A très bientôt, Guillaume.

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