Pour les chanceux qui avaient eu l’opportunité d’assister à un concert de la tournée The Police Reunion Tour, il faut remonter en 2007-2008. Cette tournée marquait le 30e anniversaire d’un des trios les plus touche-à-tout de l’histoire du rock. Reggae, jazz, punk (même si… mais bon…), pop-rock (que je déteste cet AOC !), Gordon, Andy et Stewart pouvaient tout jouer et sans se forcer. Il suffit juste de réécouter une nouvelle fois les trois premiers albums du commissariat le plus cool du monde, pour se rendre compte de la virtuosité de ses musiciens. Une référence encore de nos jours. Tournée historique donc, avec un succès énorme à la clé, et chacun est ensuite retourné à ses affaires.
Et puis, il y a eu cette annonce des Francofolies de La Rochelle, qui pour la première date de son édition 2024, inclus en tête d’affiche de sa soirée d’ouverture, Sting. Bon ok c’est cool, Sting c’est avant tout l’ex-bassiste/chanteur dudit Police, une carrière solo aux albums tous différents les uns des autres mais toujours composés et produits avec finesse et musicalité. Je ne parle parle pas de chiffres de ventes, c’est pas du tout le sujet, et ici on s’en balance bien comme il faut.
Un musicien hors-pair pas vraiment mis à la une, quand on analyse bien le truc. Et quand on farfouille un peu sur la toile, qu’on découvre que cette tournée 2024 « Sting 3.0 », se « résume » à un format trio, ça fait tilt tout de suite ! L’idée de voir on-stage une formule qui pourrait rappeler le bon souvenir de Police, on réalise tout de suite que le show est à louper sous aucun prétexte, là c’est vraiment cool ! Et Mercredi 10 Juillet on a assisté à un show vraiment cool, lors de cette 40e édition des Francos de la Rochelle.

A 23h l’esplanade de la scène Jean-Loup Foulquier est archi-comble, il y fait bon, et on sent une certaine effervescence de la part du public. La tension est palpable. Stratocaster en bandoulière, Dominic Miller entre en scène et démarre la fabuleuse intro de « Voices Inside My Head », épaulé quelques secondes plus tard par le tentaculaire batteur Chris Maas. Le son de sa caisse clair est hyper propre, un régal. Sting entre en scène le dernier, un tonnerre d’applaudissements se fait entendre, le bassiste sait qu’il a déjà fait son job, et c’est parti pour 1h30 de concert. S’en suivent les classiques que tout le monde connait par coeur, « Message In The Bottle/If I Ever Lose My Faith In You/Every Little Thing She Does Is Magic/Englishman In New York », le public y trouve son compte et le rend bien aux musiciens.
Le son d’ensemble est impeccable, les lignes musicales de chaque instrument sont parfaitement bien définies, l’interprétation est sans aucune faille, l’affaire est plus que rodée. On a vraiment l’impression d’écouter les singles de l’englishman en concert, comme si on était à la maison. En comparaison, j’ai toujours ressentit la même chose en écoutant le superbe « Delicate Sound Of Thunder » de Pink Floyd. Un album studio joué en live. Chaque note à sa place, jouée au millimètre près. La suite des festivités ne fera que conforter cette impression, « Fields of Gold/Driven To Tears/Can’t Stand Losing You » mixé avec le pseudo instrumental « Reggatta De Blanc », « I’m Mad About You », et le reggae emblématique de « Walking On The Moon ».

Arrive déjà minuit, « So Lonely » déboule dans la set-list, et le clip plus que fun pour l’époque revient en tête. Dominic Miller, qui accompagne Sting depuis l’album « Soul Cages » est tout simplement brillant. Sa palette sonore est énorme, son touché est très personnel, et le son de sa Strat’ n’est pas sans rappeler Andy Summer. Là, c’est le guitariste qui écrit ces lignes et qui bave en écoutant chaque riff joué avec précision. Chris Maas, nouvellement installé derrière les fûts, est quant à lui tout simplement époustouflant.
Le batteur de Mumford & Sons est le partenaire rythmique idéal pour Sting, et au fur et à mesure que le show s’écoule, on sent qu’à plusieurs moments il en faudrait pas plus pour que le groupe ne se transforme en power-trio jazz-rock fusion qui fasse tout partir en vrille, musicalement parlant. On sent que ça démange les manches et les baguettes. La basse de Sting se transforme en colonne vertébrale, et sa voix si caractéristique n’a rien perdue et a très bien traversée les décennies. Mais bon, il y a un show à assurer, Sting est là, le boss c’est lui, et met constamment en avant les talentueux musiciens qui l’accompagnent sur cette tournée.

« King Of Pain », superbe, et le tube « Every Breath You Take » ponctuent les dix-sept titres du set avant de céder la place au rappel de l’emblématique « Roxanne », et le final saisissant avec Sting qui passe en acoustique sur l’intense « Fragile » tiré de « Nothing Like The Sun ». C’est sur cette émouvante note que le trio quitte la scène d’un concert d’une certaine humilité, sans aucune fioriture, et d’une mise à nu d’un artiste qui pourtant n’a plus rien à prouver sur le plan artistique. La formule trio résume en elle-même toute la carrière du bonhomme.
Merci monsieur pour ce grand moment passé en toute intimité, avec un gars qui préfère prendre un thé à la place d’un café.
la team No Name Radio